Pratique et principes de l’open source à l’Open Preservation Foundation

Martin Wrigley

Martin Wrigley

Un ami développeur informatique, quand il parlait de la documentation que sa direction l’obligeait à rédiger, disait que c’était de la documentation « write-only » (en écriture seule), parce que personne ne prenait jamais la peine de la lire. Mais quand on est archiviste, que se passe-t-il si personne ne peut lire ce qu’on a soigneusement conservé et stocké pour les générations futures ?

Les données d’un fichier n’ont d’utilité que si l’on dispose d’un outil pour les lire – et il n’est aucunement garanti que les outils disponibles aujourd’hui dans le commerce fonctionneront encore ou même existeront encore dans quelques années (essayez d’ouvrir aujourd’hui un document WordPerfect des années 1990 !). Pour résoudre ce problème, quand nous stockons un fichier nous validons à la fois son contenu et sa forme afin de nous assurer qu’il respecte les normes établies et qu’il serait au besoin possible de créer un outil standardisé permettant de le lire. Très bien, me direz-vous, mais l’outil de validation est-il de qualité et qui s’occupera de faire perdurer ce système ?

L’OPF (Open Preservation Foundation) a été fondée en 2010 pour faire suite à l’initiative PLANETS et en s’appuyant sur ses résultats. PLANETS était un projet financé par des fonds européens, destiné à s’attaquer à la question de la conservation numérique, qui n’en était alors qu’à ses balbutiements. Une partie de notre mission consiste à gérer des outils de validation du format des fichiers et nous avons choisi de le faire en utilisant des logiciels open source.

L’open source n’est pas synonyme de logiciel libre, c’est un modèle totalement différent. Le code source d’un outil open source est ouvert à tous, tout le monde peut le consulter, l’examiner et le corriger s’il est défectueux. C’est ainsi la communauté qui garantit que l’outil fonctionne comme il le prétend, et qui permet à l’outil d’avoir une vie encore longtemps après que son créateur aura cessé d’être actif. Qui aurait pu imaginer que SUN Microsystems, Nokia, Motorola et bien d’autres géants des années 1990 auraient disparu en 2020 ?

Les hackathons open source de l’OPF sont des occasions pour les utilisateurs de contribuer significativement aux logiciels qu’ils utilisent dans leur travail. En 2019, les participants à ces événements ont fortement dynamisé les efforts de développement que nous avons pu consacrer à des logiciels tels que JHOVE. Nous avons ainsi pu lancer une version de JHOVE reposant presque entièrement sur les contributions de la communauté. Nous travaillons actuellement à d’autres lancements de ce genre et en sommes à la cinquième semaine de notre hackaton de printemps (Spring Hackathon), à ce jour le plus grand événement OPF de ce type !

Le développement open source a pour objectif de créer du savoir, des outils et des communautés capables de durer sur le long terme. Le domaine des archives, de la documentation et de la gestion de données est face à un nombre croissant de nouveaux défis, qui vont de l’entretien de sources d’information fiables à l’évaluation des bénéfices des technologies émergentes. L’adoption des principes de l’open source et le choix du travail collaboratif et de la durabilité peuvent aider à piloter le progrès et offrir des solutions pérennes et viables pour relever ces défis et ceux qui viendront.

Martin Wrigley, Open Preservation Foundation

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