Lorsque l’on m’a proposé de participer à la Semaine internationale des archives 2020, ma réaction était à l’image de l’enthousiasme manifesté habituellement par les Archives nationales du Royaume-Uni, quand elles acceptent de participer à des campagnes de sensibilisation à l’importance des archives.
La situation que nous vivons en raison de la pandémie de COVID-19 est sans précédent. Partout dans le monde, les archives et les prestations qu’elles proposent ont été lourdement frappées, et les gouvernements doivent redoubler d’efforts pour contrer la vague de perturbations sociales, environnementales et économiques qui s’est abattue dans leurs pays et territoires. La pandémie a des conséquences pour nous tous mais, au cours de ces derniers mois éprouvants, la communauté archivistique internationale n’a cessé de chercher des moyens lui permettant de continuer de servir son public, sous des formes nouvelles et à modeste échelle.
Nul ne nierait le caractère essentiel de l’archivage, mais son importance prend une toute nouvelle dimension face à une pandémie mondiale. La communauté archivistique internationale a clairement un rôle vital à jouer, et c’est dans cet esprit qu’elle a publié la déclaration « COVID-19 – Bien documenter : un devoir plus que jamais essentiel en période de crise » avalisée par plusieurs institutions influentes de l’univers des données et des archives. À un moment où nous prenons conscience de la nécessité d’adapter nos vies privée et professionnelle, il va sans dire que les citoyens de tous les pays auront envie de passer au crible le comportement de leurs États face à la pandémie et de comprendre comment gérer au mieux de telles situations à l’avenir.
La déclaration énonce trois principes fondamentaux :
- Toute décision est à documenter ;
- Quel que soit le secteur, la sauvegarde et la conservation des archives et des données sont une nécessité absolue ;
- Il convient d’œuvrer en faveur de la sécurité, de la conservation et de l’accès aux contenus numériques pendant la période de confinement.
Ces principes s’appliquent en toutes circonstances. Les archives recueillent les informations, les conservent et y donnent accès. Notre mission officielle, consistant à documenter les décisions, les projets, les politiques et les opinions des citoyens, revêt un caractère plus urgent que jamais. Au cours des prochains mois, il faudra renforcer les moyens à notre disposition pour poursuivre et maintenir nos activités, et mieux sensibiliser la population à la contribution sociétale essentielle de leurs archives.
Comme vous l’imaginez sans doute, la nécessité d’assurer la conservation des documents aujourd’hui et pour les générations futures, afin de mieux comprendre la pandémie, a été au cœur de nombreux échanges. Confrontées aux difficultés actuelles, les archives ont fait preuve de créativité en ayant recours à toute une série d’actions novatrices via internet et, dans certains cas, en tissant des liens plus solides avec d’autres institutions. La déclaration commune n’en est qu’un exemple parmi d’autres, mais la Semaine internationale des archives de cette année est une nouvelle occasion pour nous toutes et tous de poursuivre, voire d’amplifier, cette démarche, à plus grande échelle encore.
Aujourd’hui, peut-être davantage qu’à toute autre époque de la mémoire vivante, la conservation et la sécurisation des archives, quelle que soit leur forme, est d’une importance primordiale si elles doivent jouer le rôle essentiel qui est le leur dans la compréhension de cette période de l’histoire, et ce d’autant plus dans un monde où la confiance et l’authenticité sont sérieusement remises en cause. Mes pensées se tournent vers toutes les personnes touchées par cette crise sanitaire internationale. J’espère néanmoins que vous pourrez faire en sorte de participer aux événements de cette semaine.
Jeff James, Directeur et Conservateur principal, Archives nationales du Royaume Uni