Bibliothèques, archives, information et ODD : chances et reconnaissance

Stephen Wyber

Stephen Wyber

Trop souvent, nous avons tendance à considérer l’information, et l’accès à l’information, comme une évidence. En quelques décennies, nous sommes passés de la carence à l’abondance manifeste, avec toutes les implications économiques, sociales et culturelles que cela suppose.

Alors que les entreprises ont pris conscience du rôle central de l’information dans nos existences et en tirent profit, les politiques d’information sont toujours élaborées isolément. Les ministères chargés de la culture, de l’éducation, de la justice, de l’innovation et de la concurrence agissent en « vase clos », sans forcément chercher à élargir leurs perspectives. En tant qu’institutions vouées au patrimoine, à l’information et à la connaissance, les archives et les bibliothèques courent un réel risque de disparaître dans la masse.

En même temps, trop de personnes demeurent exclues, réalité cruellement mise en évidence durant la pandémie, puisque l’enseignement et la recherche à distance sont inaccessibles à celles et ceux qui sont dépourvus de connexion internet. Et bien entendu, ce n’est pas parce qu’il y a pléthore d’informations que l’on va forcément trouver ce dont on a besoin.

Les objectifs de développement durable de l’UNESCO (ODD) offrent une réponse à ces deux défis. L’ODD16, qui érige la transparence, la responsabilité et la participation en facteurs essentiels d’une réussite plus globale, constitue enfin une vraie reconnaissance de la valeur du travail des institutions qui y contribuent, à savoir les archives et les bibliothèques.

En outre, l’importance de l’information n’est pas uniquement reconnue au titre de l’ODD16. Vingt des cibles fixées dans le cadre général des ODD sont assorties d’engagements explicites ou implicites visant à assurer la disponibilité de l’information, ainsi que la connectivité et les compétences nécessaires à son accès et à son utilisation.

Plus concrètement, quelles perspectives les ODD ouvrent-ils par rapport à d’autres textes, parfois plus spécifiquement axés sur le travail des bibliothèques et des archives ?

En premier lieu, il ne faut pas oublier que les ODD ont été approuvés par des chefs d’État et de gouvernement du monde entier. Ils constituent également un des principaux socles de l’action des Nations Unies, de ses organes et de nombreux autres programmes d’aide et de renforcement des capacités. À ce titre, les ODD offrent un langage commun pour dialoguer avec ces organismes.

Deuxièmement, les démarches que les États membres sont censés entreprendre pour mettre en œuvre les ODD ouvrent la voie vers d’autres services gouvernementaux. Les examens nationaux volontaires, réalisés par certains pays tous les quatre ans environ, représentent une excellente opportunité de collaborer avec d’autres ministères et organismes de l’État et de souligner l’apport majeur de nos institutions ainsi que la nécessité de politiques d’information transversales dont nous ferions partie intégrante.

Enfin, les ODD constituent un cadre remarquable pour entamer une réflexion sur l’impact des activités de nos institutions vis-à-vis des politiques adoptées dans des domaines qui comptent pour les décideurs et les citoyens, et nous offrent un vocabulaire pour l’exprimer. Nous serons ainsi mieux en mesure, en ce moment tout particulièrement, d’arguer en faveur de la poursuite des investissements en dépit des difficultés économiques qui nous attendent.

Stephen Wyber, IFLA, Manager, Policy and Advocacy