Déclaration introductive de David Fricker pour la Semaine Internationale des archives 2020 : “Renforcer les Sociétés du savoir”

David Fricker

David Fricker

Cette année, le thème choisi par l’ICA pour la Semaine internationale des archives est « Renforcer les sociétés du savoir ».

Selon l’UNESCO, une « société du savoir » est une société où le pouvoir des citoyens est renforcé grâce à un meilleur accès à l’information. De nos jours, l’information est synonyme de pouvoir. L’accès universel à l’information permet de répartir ce pouvoir de manière équitable dans toutes les couches de la société, pour que toutes et tous puissent disposer des mêmes possibilités pour faire des choix éclairés, jouer un rôle constructif au sein de la collectivité et contribuer pleinement au débat public et aux processus démocratiques.

Malheureusement, notre époque moderne est également caractérisée par une forte propension à la désinformation et à la propagande. Une société du savoir arrivée à maturité va de pair avec une bonne « maîtrise de l’information », le public disposant des ressources et des compétences nécessaires pour faire le tri entre les informations authentiques et fiables et les informations trompeuses et mensongères ayant pour but d’abuser ou d’induire en erreur l’opinion publique.
Et, plus important encore pour la communauté de l’ICA, l’UNESCO souligne le rôle fondamental des archives et des bibliothèques dans l’épanouissement d’une société du savoir et appelle tous ses États membres à élaborer et à mettre en place un cadre favorisant la conservation du patrimoine documentaire et l’accès à ce patrimoine, y compris sous format numérique.

Les archives renferment la mémoire collective de l’humanité, conservée par une génération pour la suivante. En ce sens, elles constituent l’un des piliers des sociétés du savoir ainsi qu’une ressource essentielle pour l’accomplissement des objectifs de développement durable des Nations Unies.

Pour en venir à un problème plus urgent et plus proche de nous, nous devons également faire face aux terribles conséquences de la COVID19 – cette pandémie mondiale qui a bouleversé presque tous les aspects de notre vie, avec un bilan humain très lourd dans de nombreux pays. Dans des moments comme celui-ci, en temps de crise, la communauté archivistique a deux obligations majeures : s’assurer que nous avons accès à nos savoirs du passé et veiller à ce que nous retenions les leçons de la situation que nous vivons aujourd’hui.

Ces dernières semaines, l’ICA a œuvré en étroite collaboration avec l’IFLA, l’UNESCO et d’autres organisations partageant la même vision pour rédiger deux déclarations marquantes, soulignant le rôle du patrimoine documentaire dans la lutte contre la pandémie et l’importance d’une bonne documentation des actions et des décisions prises actuellement, afin de les conserver comme sources de connaissances pour l’avenir.

Ces déclarations, disponibles sur les sites web de l’ICA et de l’UNESCO, s’intitulent :

• « Transformer la menace du COVID-19 en une occasion de soutenir davantage le patrimoine documentaire » ;
• « COVID-19 – Bien documenter : un devoir plus que jamais essentiel en période de crise »
Des décisions majeures sont prises par les gouvernements du monde entier, impliquant des interventions de grande ampleur sur les marchés, sur la santé et sur la vie quotidienne de milliards de personnes, dans le but de protéger le bien-être social, économique et culturel de leurs populations et de faire respecter l’État de droit.

Ces décisions, la logique sur laquelle elles se fondent et l’identité des hauts responsables concernés doivent absolument être documentées, afin que les États puissent justifier de leurs actes pendant et après la crise et que les générations futures puissent tirer des enseignements de ces actes.

Il est en outre essentiel de conserver ces archives électroniques dans des formats numériques accessibles, pour mieux informer nos futures sociétés du savoir.