Prêt pour le 21ème siècle

En savoir plus sur son passé et sa société, assurer la transmission des traces de l’histoire aux générations futures, faciliter l’accès à l’information dans un cadre législatif de plus en plus complexe et en étroite relation avec les nouvelles technologies, être curieux et prêt à rechercher des informations tel un détective, voilà le cœur du métier de l’archiviste à mon sens ! Ce n’est pas un métier exercé en solitude dans un bureau. Au contraire, l’on travaille en équipe et sur le terrain. Outre une solide formation et une bonne culture générale, l’archiviste au Luxembourg doit connaître plusieurs langues, puisque les documents y produits sont, majoritairement, en français, allemand, luxembourgeois et anglais. Il s’y ajoute des connaissances informatiques et juridiques. Les sens de gestion, d’organisation, d’évaluation, de rigueur et de discrétion seront favorisés.

Gestionnaire des informations, l’archiviste est le gardien de la mémoire collective et même de la démocratie. Ses missions sont multiples. Ainsi, il réunit les documents qui retracent l’histoire de l’Etat au sens large du terme, d’une entreprise ou de toute autre entité aussi bien publique que privée. Il doit également assurer la continuité de service par la bonne gestion ainsi que par la disponibilité des documents et des données le temps de leur utilité. Cela se traduit par la mise en place de systèmes d’archivage intégrant la numérisation et le partage des informations tous supports. Dans l’impossibilité de garder chaque document et étant donné que tous les documents n’ont pas vocation à être gardés, il en fait un tri basé, notamment, sur des critères scientifiques et en fonction du cadre légal existant. Il assume ainsi une grande responsabilité en déterminant ce qui est préservé pour les générations futures. Pour enrichir les fonds, l’archiviste est amené à rechercher lui-même de nouveaux documents.

Son métier consiste à classer les informations (documents d’archives, données…) et à en établir un inventaire en mentionnant, au moins, leur origine, leur contenu et leur cadre chronologique. Il lui incombe aussi de veiller à la conservation pérenne des archives, aussi bien physiques qu’électroniques, moyennant reconditionnement dans des contenants ou formats adaptés à cet effet.

De plus, l’archiviste met ses « trésors » à disposition du public : chercheurs, professeurs, étudiants, généalogistes, journalistes, particuliers… Médiateur, il organise l’accueil et l’information des utilisateurs, oriente leurs recherches et les aide à déchiffrer les documents. Il met en place des opérations de valorisation qui demandent, quant à elles, des qualités d’accueil et d’écoute, sans oublier le sens du contact avec des interlocuteurs variés (p.ex. atelier pédagogique, exposition, conférence, visite guidée). Au service de tout utilisateur, il partage et communique le savoir acquis lors de l’analyse des archives. Le sens de la pédagogie et de la diplomatie sont des atouts précieux pour aider les utilisateurs sans faire la recherche à leur place.

En bref, les responsabilités de l’archiviste s’appliquent tout au long du cycle de vie des archives : de leur création à leur destruction ou à leur conservation définitive/historique.

Afin de faire connaître ce métier passionnant au grand public, le Veräin vun de Lëtzebuerger Archivisten a réuni bon nombre d’acteurs du milieu archivistique autour de la table en automne dernier. Notre but était de participer activement aux festivités organisées par le CIA à l’occasion de la Journée internationale des archives le 9 juin. Une collaboration très étroite s’est établie entre ces différents acteurs au point que nous pouvons présenter à présent un programme des plus variés.

En premier lieu, il s’agit de montrer au grand public ce en quoi consiste le métier de l’archiviste. Ce dernier est, malheureusement, souvent dépeint comme un énergumène recroquevillé, poussiéreux dont la raison d’être est douteuse. Pour contrer cette image malencontreuse, beaucoup d’acteurs du milieu archivistique ouvrent leurs portes et essaient d’expliquer leur travail quotidien au grand public.

Deuxièmement, il nous a paru essentiel de montrer l’importance de l’archiviste dans notre société. Peu de gens savent qu’il se trouve à l’intersection de la mémoire collective et des droits de l’homme. Voilà une des raisons pour lesquelles nous avons choisi comme sujet « Archives et démocratie ». Sans archives, pas de contrôle, pas de séparation des pouvoirs, pas de respect des droits fondamentaux !

Troisièmement, nous souhaitons démontrer que l’archiviste doit intervenir dès qu’un document est créé, peu importe son support. Les instances publiques tout comme les acteurs privés commencent à se doter peu à peu d’archivistes professionnels qui peuvent les accompagner sur ce chemin. La toute récente loi du 17 août 2018 relative à l’archivage, entrée en vigueur au 1er septembre de la même année, plaide en ce sens.

En conclusion, le métier de l’archiviste, gardien de la mémoire collective et individuelle, est indispensable au 21ème siècle ! Quel passionnant métier en constante évolution et au contact avec la société et ses préoccupations de tout ordre !

Par Corinne Schroeder, Présidente du Veräin vun de Lëtzebuerger Archivisten (VLA)