Quelle place pour les archives audiovisuelles ?

La déclaration universelle des archives adoptée par l’Unesco reconnait toute leur place aux archives audiovisuelles.

En effet, films amateurs, témoignages oraux, captations d’événements et de spectacles, de procès, documentaires, bandes sonores, rushes, programmes diffusés à la radio, à la télévision et maintenant sur le web, toutes ces archives font bien partie intégrante de notre patrimoine mondial, et, pour les archivistes, les mêmes questions se posent à chaque étape de la chaîne archivistique, dans la définition de leur statut, le choix de la profondeur de description, les modes de tri, les axes de valorisation.

Mais les réponses apportées seront souvent différentes de celles appliquées aux archives écrites du fait des enjeux spécifiques touchant les archives audiovisuelles en matière de conservation, d’accès, de description, de statut et d’exploitation juridique. Peut-être trouve-t-on là les raisons d’un retard dans la prise en charge et le traitement de ces archives.

Ces singularités, les technicités requises, les coûts engendrés par la mise en place de traitements documentaires, matériels et techniques appropriés font que, si partout des archives sonores et audio ont pu être heureusement préservées, il n’en reste pas moins que des fonds entiers sont en péril et que la seule préservation, quand elle existe, est loin d’être suffisante pour rendre l’accès et le partage possibles.

Alors ne craignons pas de bousculer l’existant, il est encore temps ! En donnant toute leur place, dans l’univers des archives, aux archives audiovisuelles, en donnant toute leur place aux institutions et aux archivistes qui s’y consacrent.

Faisons de la chaîne de traitement des archives audiovisuelles, archives « techniques » par essence, un modèle précurseur : développement d’une recherche appliquée à la conservation numérique pérenne, archivage numérique natif, ingest et transcodage de données et métadonnées, ouverture des données, intégration d’outils d’intelligence artificielle pour la description, l’orientation et l’investigation, accès en ligne sécurisé et mise en place d’interfaces de consultation riches et intuitives, extension des pratiques archivistiques aux Web et réseaux sociaux, nouveaux vecteurs de diffusion d’information et de connaissance, et enfin, développement de nouveaux métiers d’ingénierie et de médiation.

Alors, grâce aux professionnels des archives sachant maîtriser les flux de production de l’information, le XXIème siècle offrira à tous un accès pertinent à la mémoire du monde, garant de démocratie et de respect des Droits de l’homme.  

Par Agnès Magnien,, Directrice déléguée aux collections, Institut national de l’audiovisuel, France