Mon rêve d’archiviste

Je rêve d’une société où les archives ne sont pas traitées comme des objets destinés à être utilisés puis oubliés. Une société ou l’archiviste entretient un rapport de confiance avec les producteurs, et les échanges restent le plat quotidien. Un endroit où l’on croise les doigts à chaque fois que le patrimoine veut s’envoler. Une société ou l’intérêt général a enfoui ses fondements au plus profond des traces et s’engage de les préserver. Un endroit où les archives ont une durée de vie plus longue que celle de leurs producteurs. Un endroit où les barrières deviennent des facilitateurs. Un endroit où l’intérêt collectif est une réalité et la chose la mieux partagée.

Je rêve d’une profession, où le partage des savoirs se discute et non les savoirs eux-mêmes. Une profession de pompiers prêts à éteindre les flammes causées par les trous du passé. Une profession où l’on ne s’attarde pas sur le sel, mais sur les fondements déontologiques. Une profession dynamique, où les questions sont discutées au présent. Et, les problèmes d’hier et de demain ont leur solution aujourd’hui. Une profession de passion et d’engagement au détriment d’une profession éphémère et laxiste. Une profession fière d’elle-même, où les marches d’accordent pour donner une meilleure trajectoire à la sauvegarde du patrimoine.

Je rêve d’une communauté professionnelle forte, dynamique, qui sommeille dans les victoires et ne baisse pas les bras. Où, l’image a laissé place à l’imagination. Une communauté qui échange pour apprendre et partager. Qui ne se ferme pas, mais laisse les portes ouvertes au grand public. Une communauté qui crée de la passion et de l’engouement au lieu des frustrations et des lamentations. Une communauté qui convainc au lieu de vaincre. Une communauté où on se sent fier pas d’appartenir, mais de se reconnaitre en elle. Une communauté qui écoute, tend, soutien et guide.

Je rêve d’un État qui s’aime, qui brave les frontières des slogans pour entrer en plein cœur dans des actes forts. Un état qui ne soutient pas, mais accompagne, un Etat qui échoue et se relève pour le bien de tous. Un État où l’on ne vit pas aujourd’hui, car c’est aujourd’hui. Mais plutôt, un État où chaque jour était là hier, et même aujourd’hui n’est que le reflet d’hier. Un État fort, qui ne décampe pas au regard de la trace, mais ne fait qu’un avec elle.

C’est mon rêve d’archiviste

Par OMGBWA YASSE Emmanuel Fabrice, archiviste consultant