
Maquettes Projet de Réhabilitation/Extension des Archives Nationales du Cameroun Site de Yaoundé en cours d’exécution. Fin des travaux prévus en novembre 2020
La surabondance des sources, supports et contenus d’informations au 21e siècle corollaire de l’hyper développement des technologies avec son lot de dérives, interpelle les institutions archivistiques à travers le monde. Ces institutions par leurs missions et leurs fonctions sont naturellement susceptibles de répondre efficacement aux besoins des publics en informations fiables et authentiques. Pour s’y faire elles doivent disposer des infrastructures (bâtiments et équipements ergonomiques) et une info-structure (archives, instruments de recherche, bases de données, etc.) solides, flexibles et évolutives pour assurer un service « centré sur l’humain ». C’est en effet l’objectif majeur de « concevoir les archives au 21e siècle », thème de la Semaine International des Archives qui se célèbre cette année du 03 au 09 juin 2019, format différent de la traditionnelle Journée Internationale des Archives, du fait d’une contrainte calendaire transformée en opportunité par le Conseil International des Archives. Belle occasion pour les archivistes du monde entier de se donner à voir, à écouter, à se produire… pendant une semaine entière au sein de leurs divers environnements professionnels.
Là où elles sont déjà bien établies, les infrastructures/info-structures archivistiques répondent généralement à des normes architecturales qui ont pour vocation d’une part de préserver dans la mesure du possible ad vitam aeternamun matériau (archives et supports) devenu de plus en plus complexe et fragile. D’autre part, de mettre à la disposition du public ledit matériau dans des meilleures conditions possibles. Le véritable défi pour la communauté des professionnels étant de trouver le juste équilibre entre les fonctions de conservation/préservation et celle de communication des archives. Toutefois que valent ces archives si elles ne peuvent pas être exploitées à bon escient et mises à la disposition des usagers (humains) ? Comment diversifier et intéresser de nouveaux publics particulièrement les « digital native » et les publics hybrides consommateurs de l’archive classique mais également de l’archive numérique ?

L’archive centrée sur l’humain suppose une réadaptation et une formation professionnelle continue pour les spécialistes du métier mais également une ouverture de la participation des publics à l’élaboration des mécanismes de recherche qui répondent efficacement à leurs besoins. S’il est vrai en effet que chaque profession est clôturée notamment par ses savoirs et ses savoir-faire il est également vrai que l’archiviste travaille sur des objets et des thématiques variés dont il doit en extraire la substantifique moelle afin d’élaborer ses instruments de recherche. Cependant il n’a pas toujours la parfaite connaissance du vocabulaire et de la grammaire desdites thématiques. L’un des enjeux majeurs de la conception des archives au 21e siècle sera donc d’ouvrir, dans une perspective gagnant-gagnant la participation des publics, notamment aux activités complexes de classification et d’indexation.
Archivistes, nous conservons les traces de l’activité humaine : concevons donc les archives pour l’humain. A tous et à chacun, belle Semaine Internationale des Archives 2019 !
Par Dr. Esther OLEMBE Directeur des Archives Nationales du Cameroun/Director of National Archives of Cameroon-
Chargée de cours/Senior Lecturer, Université de Yaoundé II-SOA/ESSTIC
Chef du département de l’information documentaire/Head of Department of Library and information studies